Caen

Les amis de l'Abbatiale Saint Etienne

 

 

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Programme Erwan Le Prado le 27 mai 2011

 

C. M. WIDOR (1844-1937)  ALLEGRO INITIAL » de la 6ème SYMPHONIE

 Né à Lyon, mort à Paris, d’origine hongroise, élève de Lemmens à Bruxelles, Charles-Marie Widor fut convié à inaugurer le grand orgue de Notre-Dame de Paris en 1868. Organiste du Cavaillé-Coll de Saint-Sulpice pendant plus de 63 années, il fut également professeur au Conservatoire de Paris où il forma notamment Tournemire, Vierne ou encore Dupré.

La 6ème Symphonie en sol mineur fut éditée en 1879 ; un an plus tôt, elle avait été créée sur l’orgue du Trocadéro. L’Allegro initial de cette symphonie, somptueux mouvement parmi les plus populaires de Widor, fait entendre un thème fondateur, sorte de « cortège » solennel en sol mineur. Le thème sera développé dans une orchestration symphonique remarquable où Widor laisse libre court à la virtuosité tant pour les claviers que pour le pédalier, c’est par une coda Agitato que l’auteur conclut cette page magistrale.

 

L. VIERNE (1870-1937)« ROMANCE » extrait de la 4ème SYMPHONIE

  Né à Poitiers, mort à Paris, Louis Vierne était un jeune aveugle lorsqu’il entendit César Franck jouer à St Clothilde : ce fut une révélation pour lui. Quelques années plus tard, il entre au conservatoire de Paris, puis il devient organiste de l’église St Sulpice et enfin, en 1900, de Notre-Dame de Paris. A la fois concertiste, improvisateur et compositeur, il représente la grande tradition de l’orgue français, tradition qu’il transmet à ses nombreux élèves.

 La 4ème Symphonie date de 1914 ; c’est un témoignage poignant de la grande angoisse dépressive de Vierne à l’approche de la guerre. Œuvre sombre et monumentale, la 4ème symphonie adopte la forme « cyclique ». La Romance correspond au 4ème volet de l’œuvre, sorte de Lied, qui tout en développant un thème ample à l’ondoiement subtil et mélancolique se réfère au thème fondateur du Prélude initial. Pièce expressive traditionnelle chez Vierne, variée dans son développement et sa registration, l’œuvre se conclut dans une remarquable orchestration où l’orgue de Vierne se fait orchestre. 

 

C. TOURNEMIRE (1870-1939) « PARAPHRASE-CARILLON »

Charles Tournemire fut l’élève de Franck et de Widor au conservatoire de Paris ; il est nommé titulaire du fameux Cavaillé-Coll de Sainte-Clotilde à Paris en 1898. Compositeur souvent novateur et improvisateur d’exception, il laisse pour l’orgue un cycle incomparable, « L’Orgue Mystique ». Sa composition s’échelonne de 1929 à 1932 ; Tournemire cherche en quelque sorte à édifier avec le plain-chant Catholique ce que Bach avait tiré du choral Luthérien. Il compose ainsi 51 « offices » comprenant chacun un Prélude à l’introït, un Offertoire, une Elévation, une Communion ainsi qu’une Sortie. Modalité et grégorien nourrissent l’inspiration du compositeur et caractérisent cette  vaste fresque liturgique

Paraphrase-Carillon, extrait du 35ème cycle « In Assumptione », commente les hymnes « Ave maris stella » et « Salve Regina ». Il s’agit sans nul doute de l’un des sommets du recueil. Organisée en trois sections, l’œuvre mêle la rigueur de la forme, la fantaisie et la fougue de l’improvisateur et la profusion thématique grégorienne.

 

J. L. FLORENTZ (1947-2004) « LAUDES »

« Harpe de Marie » et  « Seigneur des lumières »

 Elève notamment d’Olivier Messiaen et de Pierre Schaeffer, Jean-Louis Florentz étudie au conservatoire de Paris ainsi qu’aux universités de Lyon et Paris en ethnomusicologie et en linguistique. Ses nombreux voyages en Afrique inspire sa création musicale et tout particulièrement dans les « Laudes » où le culte éthiopien chrétien (office du matin « Kidân za-nageh » structure le recueil : il s’agit d’une mise en musique des sept prières que comporte l’office.

 La « Harpe de Marie » fait entendre dans une rythmique envoûtante le « Magnificat » éthiopien tandis que la 7ème et ultime pièce, « Seigneur des lumières », développe longuement des monodies mélismatiques, fait entendre des carillons lointains pour finalement se conclure glorieusement sur le Tutti de l’instrument. 

 

A. ISOIR (né 1935) « 6 VARIATIONS SUR UN PSAUME HUGUENOT »

André Isoir (né à Saint Dizier en 1935) n’est pas seulement l’immense interprète et improvisateur que chacun connait, il a contribué activement aussi à faire vivre l’orgue français tant sur le plan de la redécouverte de certains répertoires (les auteurs classiques français notamment) que sur le plan de la facture (il est à l’origine d’un grand nombre de restaurations d’instruments historiques). Il est par ailleurs un pédagogue de grande renommée et a formé un grand nombre d’organistes tant français qu’étrangers. Mais parallèlement, il réalise un grand nombre de transcriptions, il s’illustre avec brio dans l’art de l’improvisation et laisse également à la postérité les « 6 Variations sur un Psaume Huguenot ».

Cette œuvre fut écrite en 1974 pour le concours de composition des Amis de l’Orgue dont elle obtint le premier prix. Le psaume 92, extrait du psautier de Genève édité en 1562, est traité ici au cours de 6 variations. L’œuvre s’inscrit très sensiblement dans une tradition de l’orgue classique français par son caractère contrasté, par l’utilisation des registrations et encore par des ornementations archaïsantes. On peut y voir une sorte d’hommage aux compositeurs français des 17ème et 18ème siècles, variations qui évoquent sans conteste la « suite » classique française