LE CHRISTIANISME, DIEU ET LE SEXE

 avec Tony ANATRELLA

psychanalyste

Selon les historiens officiels de la post-modernité et d’après la thèse soutenue par nos chers publicitaires, à longueur de journée et d’écran, notre temps serait celui du sexe libéré. Jadis opprimés par l’Eglise - institution fondamentalement méchante, castratrice et ennemie de tout plaisir - les être humains seraient enfin devenus capables de jouir sans qu’aucune entrave ne vienne s’interposer entre eux et le sacro-saint objet de leur désir.

Mais force est de constater que cette éblouissante épiphanie du Sexe s’accompagne aujourd’hui d’une occultation sidérante : l’épuisement de la libido - maintenu à grand renfort de molécules et de gadgets - le décharnement mortifère des jeunes corps soit disant libérés et la dépression sexuelle généralisée inquiètent les observateurs les plus attentifs de la vie sociale et de la santé publique.

A l’apologie triomphante du sexe conquérant succède même l’éloge paradoxal d’une identité totalement asexuée. Les vieilles catégories du Masculin et du Féminin sont remplacées par un seul genre : le Neutre. L’érotisme d’antan fait d’obstacles renversés et de transgressions audacieuses laisse place à un grand rêve d’indifférenciation océanique porté aux nues par les pouvoirs publiques et l’ingénieuse industrie du loisir.

Que s’est-il donc passé entre l’annonce tant attendue de la libération sexuelle et l’érotisme débilitant de ce début de troisième millénaire ? Comment expliquer l’appauvrissement incroyable de l’imaginaire sexuel et du langage du désir ? La catégorie totalisante et totalitaire du Même aura-t-elle donc fini par tout emporter sur son passage, jusqu’à la plus intime ouverture à l’Autre, jusqu’à la moindre chance de rencontre, de ravissement et de délivrance ?

Mgr Tony Anatrella, psychanalyste, spécialiste en psychiatrie sociale, s’est illustré dans les débats très contemporains autour de l’identité sexuelle, notamment dans son livre Le Règne De Narcisse - Les Enjeux du déni De La Différence Sexuelle (2005). Sa réflexion se tourne maintenant sur les questions de parenté avec La Tentation de Capoue - Anthropologie du Mariage et de la Filiation (2008) – sujet qui sera plus spécialement abordé le lendemain dans une conférence au CETH. Figure paradoxale, il a su convaincre beaucoup d’acteurs de la pastorale du mariage ou des familles que christianisme et psychanalyse faisaient bon ménage, dénonçant les caricatures qui sont faites des convictions chrétiennes en matière de sexualité, apportant guides et repères dans la vie des hommes de bonne volonté.